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L'Irréductible témoigne (suite)

J’ai donc vécu toute ma vie dans l’ombre de moi-même et dans l’ombre de mes peurs, de mes souffrances et de tous les mécanismes que j’avais développés pour survivre dans cette société.  Je devais suivre la vague sinon je m’y serais noyée !  Ma réintégration dans la société n’a pas été facile, car je voyais le monde avec mes yeux de femme terrorisée : beaucoup de moments d’hyper vigilance, de troubles du sommeil, de peur des gens, de peur de presque tout.   Mon processus de réinsertion s’est fait graduellement sur une période d’environ deux ans.  Encore à ce jour, il y a des moments qui sont un peu difficiles, mais je les surmonte avec toute l’aide que j’ai reçue et les outils que je me suis procurés au fil des ans.

 

Durant cette période, je me suis fait une famille de « Cœur ». Il y a mon ‘’Papi-Henri’’ que j’ai adopté ainsi que toute la famille qui venait avec, il y a les gens du Centre de service de justice réparatrice (CSJR) qui m’ont accueilli pour la première fois dans le réseau du communautaire et il y a aussi la communauté derrière les murs du pénitencier. Après mes démarches en justice réparatrice, j’ai ressenti un besoin profond de faire du bénévolat en milieu carcéral.  J’ai donc commencé avec l’aumônerie de l’établissement du Centre fédéral de formation (CFF) et par la suite j’ai été agent escorteur pour sortir les hommes en détention qui ont des permissions de sorties dans la collectivité.

 

J’ai adoré mon expérience et j’ai surtout compris pour la première fois de ma vie quelle était ma mission, elle se trouvait dans ma blessure.  Le fait d’avoir été aidée, écoutée, comprise et qu’enfin je pouvais sortir de cette prison que j’avais construite autour de moi, je pouvais en faire autant avec d’autres personnes qui ont les mêmes besoins.

 

Depuis maintenant trois ans, je travaille comme coordonnatrice dans un organisme communautaire du réseau de l’Aumônerie communautaire de Montréal (ACM) et je peux vous dire que je suis tellement heureuse et libre maintenant!

 

J’ai eu ma deuxième chance et je crois sincèrement que tous ont droit à cette deuxième chance.

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